Sur la table de l’atelier, lors de ma visite, se trouvait une foule d’images d’anciens travaux, des reproductions que l’artiste tentait visiblement de resémantiser. En arrachant l’imagerie à sa matérialité ancienne, Béliveau semble redessiner le paysage de sa propre pratique. Elle y apporte un autre ordre, ce qui pourrait être vu comme une révolution archivistique revisitant les modalités du «prendre soin» évoqué plus tôt, et qui épouseraient cette fois une autre tournure, moins sous le régime du pathos que de celui du logos, au sens rhétorique du terme. Il en résultera peut-être une logique des images qui saurait envisager de se passer d’une économie des pulsions. Il faudra voir la suite des événements pour juger des impacts de ce rebrassage bienvenu des cartes, un potentiel nouveau partage du sensible.

Bernard Lamarche

Conservateur de l’art actuel
Musée national des beaux-arts du Québec

Janvier 2011

  1. Voir Catherine Grenier, La revanche des émotions: Essai sur l’art contemporain (Paris: Éditions du Seuil, 2008).

  2. Autour de cette question de la cicatrice et du baiser, une œuvre de Geneviève Cadieux revient en tête, La fêlure, au chœur des corps (1990), coll. Musée national des beaux-arts du Québec.

Photographies d’atelier, 2012
Travail en cours pour le projet Métadonnées d’un paysage.