Détail

Jean-Émile Verdier

Moi, le détail, je parle. Je parle d’être un fait observable, et dans cette mesure je suis indéniable. Impossible de ne pas… Je suis incontournable. Tu buteras sur moi. Immanquablement, toi, l’Indifférent.

Le geste, dont je suis issu, moi le détail, ce geste, ce geste qui m’a conçu, il n’a pas pu ne pas exister. Sans lui, je ne suis pas. Et que sait-on de ce geste ? Rien à proprement parler. Rien qu’on reconnaisse d’emblée. Rien de répété. Rien de mécanique. Aucune technique derrière ce geste. Il surgit et je surgis. Geste décisif, on ne peut plus décisif. Sans lui, rien; avec lui, tout : l’œuvre, et moi, moi le détail, là, dans l’œuvre, qui te guide, qui te montre ce qu’il s’agit de saisir, au-delà de l’apparence, au-delà de l’image, au-delà de ta seule satisfaction, au-delà de ta peur de te voir pour ce que tu es, Indifférent.

Moi, le détail, je te parle de ce geste.

Les textes qui suivent sont extraits d’un journal en cours sur l’œuvre de Stéphanie Béliveau. Le jour venu, il y aura un livre. À cette étape, seulement quelques fragments.

Anima no 2, 2006
Technique mixte sur papier,
91 x 127 cm
Exposition Dessins d’humeurs, Galerie Simon Blais, Montréal.